« Apollonia », du nom d’une agence immobilière aixoise qui commercialisait des biens immobiliers défiscalisés, est devenue est sans doute la plus grande escroquerie immobilière présumée en France, au montant estimé d’un milliard d’euros. Plus de la moitié des quelque 1 000 victimes seraient des médecins libéraux, volontairement ciblés.
L’agence immobilière aixoise Apollonia a sévi de 1988 à 2008, profitant du régime fiscal avantageux de « louer en meublé professionnel » conçu pour des investisseurs professionnels puisque les revenus locatifs doivent être, au minimum, de 23 000 euros annuels. Mais la société Apollonia a ciblé des particuliers aisés, dont les médecins, en leur promettant que leur investissement conséquent – 2 millions d’euros en moyenne – serait couvert par la défiscalisation et les loyers. « Mais les loyers étaient sur évalués, les vendeurs prenaient une commission considérable de 19 à 21%, les biens ont été achetés plus de deux fois le prix du marché », explique l’avocat de l’association des victimes, Me Jacques Gobert.
Au début, les avantages de la défiscalisation ont couvert les mensualités des emprunts, notamment grâce au remboursement de la TVA : pour des achats d’un montant de deux millions d’euros par exemple, le chèque du fisc s’élève à 400 000 euros. « Dans un premier temps, les loyers ainsi que l’apport de la TVA restituée et les avantages de la défiscalisation ont couvert les mensualités qui comportaient des différés d’amortissement d’un à deux ans», explique le Dr Marc Daumet. Mais très rapidement, en moins de trois ans, les réserves de TVA se sont épuisées et les mensualités d’emprunt se sont envolées.
Les médias ont eu peu de compassion pour ces victimes de ce scandale immobilier. Me Jacques Gobert, l’avocat de SCP Gobert & Associés, résume la perception de cette affaire. « Ce sont des médecins, des gens perçus comme riches, qui se sont faits escroquer en voulant défiscaliser des biens immobiliers : tant pis pour eux ! Ce sont en réalité des gens de la classe moyenne supérieure, souvent avec peu de patrimoine et inquiets pour leur retraite »
Les médecins ne sont d’ailleurs pas les seuls à être tombés dans le panneau : la société Apollonia a longtemps bénéficié d’une excellente réputation dans les médias auprès des banques.
Sept ans après la révélation de l’affaire, elle semble toujours au point mort. Il y a pourtant eu 32 mises en examen, dont les dirigeants d’Apollonia, placés sous contrôles. Trois notaires ont été sanctionnés et cinq banques ont d’abord été mises en examen avant de passer sous le statut de témoin assisté.